2 / Nourrir pour « équiper » les managers et les collaborateurs
La formation garde une place privilégiée, mais elle change de visage.
● Des programmes de leadership revisités
L’approche élitiste, visant les seuls hauts potentiels est révolue. Modules à la carte, cibles et accès élargis, l’enjeu est de donner au manager qui en a besoin les éléments qui lui sont nécessaires et au bon moment pour lui, dans une logique « d’Open Learning », avec des pédagogies interactives mixant le digital et le face à face.
Ainsi Schneider Electric complète son programme dédié aux hauts potentiels par un programme dédié à tous les managers, « Building great leaders », décomposé en 3 niveaux : « nouveau manager » (niveau 1), « front-line manager » (niveau 2, pour les managers opérationnels déjà expérimentés), et « middle manager » (niveau 3, manager de managers). Le déploiement est mondial : le contenu est à la fois digital et en face à face. En parallèle, des systèmes d’accompagnement de type mentoring ou coaching sont mis en place et certaines entités pratiquent le co-développement, à leur l’initiative.
● Des disciplines nouvelles
Au-delà des méthodes d’agilité, des principes de l’effectuation ou de la créativité qui viennent nourrir l’innovation, d’autres disciplines s’imposent er rentrent dans le vocabulaire des formations : les émotions (l’intelligence émotionnelle, le management émotionnel), la posture ou encore la qualité des relations comme facteur clé de la performance.
Plus de la moitié des entreprises observées dans notre panel ont formé leurs managers mais aussi leurs collaborateurs à la CNV (communication non violente).
D’autres forment aux techniques de créativité ou de codeveloppement, avec l’idée que ce type de compétences puissent être internalisées, portées par des personnes dédiées ou par des managers volontaires, à défaut de former des coachs.
● Des formats qui favorisent l’accompagnement en proximité
En lien avec ces nouvelles disciplines, les formats relèvent davantage de l’atelier et rassemblent des collaborateurs en proximité dans leur travail : des ateliers de managers (à l’instar des ateliers de codéveloppement), des ateliers qui rassemblent le manager et son équipe naturelle, ou encore mais plus rarement des managers de la même ligne hiérarchique. L’engagement de chacun (ce type d’atelier ne se consomme pas mais se vit) et les conditions d’animation de tels ateliers sont un facteur clé de réussite qui ne s’improvisent pas.
ACT4Talents propose ainsi aux entreprises un accompagnement construit sur mesure, coconstruit après une étape de diagnostic sur le ou les équipes concernées (diagnostic pouvant impliquer les parties prenantes). Elle propose des parcours hybrides et expérientiels, qui s’inspirent des neurosciences (la kinesthésique par exemple), pratiquent la pédagogie positive (s’appuyer sur les forces et non améliorer les points faibles), mixent le coaching individuel, le coaching collectif, le séminaire thématique (action learning, co-developpement, atelier de créativité…), la formation-action, le tout au service de la performance et des enjeux de l’équipe. L’objectif est d’équiper le manager, de lui transmettre des outils ou pratiques pour qu’il puisse lui-même agir en prenant le rôle de transmetteur, de facilitateur, de coach interne. Au-delà des savoirs, savoir-faire et savoir-être, il s’agit de développer le savoir-agir.
Et dans les faits, les entreprises recourent de plus en plus à des techniques de type coaching, co-developpement, mentoring, team-building, ateliers de créativité (Action learning, Managing innovation…). Il y a aussi une forme de professionnalisation des formats d’échanges : les cafés managers, les communautés, les groupes d’échanges sont de plus en plus animés et structurés. En parallèle, les entreprises s’inspirent, s’approprient et personnalisent des techniques « classiques » : par exemple, le codéveloppement selon Champagne et Payette (école Canadienne) laisse la place à des variantes (le co-développement « Mentor » pratiqué au Crédit Agricole Centre Est, ou la transposition pour les fins de réunions opérée chez Boeringher Ingelheim). Il y a enfin une forme de démocratisation de ces accompagnements : le coaching n’est plus réservé aux « top managers » comme il y a quelques années mais est proposé à une cible large : des équipes nouvelles, lors de la prise de fonction d’un nouveau manager, ou à la demande d’un manager souhaitant renouveler ses pratiques et revoir son rôle.
● Une place croissante donnée à l’ouverture
De plus en plus de dispositifs sont pensés pour donner de la culture générale, et des grilles de lecture solides (anthropologie, psychologie, économie, philosophie …) pour décoder le monde sur les plans économiques, sociétal, …
Il ne s’agit pas seulement de donner à voir aux managers ce que pourrait être « manager autrement », il s’agit aussi de les ouvrir sur l’écosystème de l’entreprise, les challenges à venir en lien avec l’environnement et la responsabilité sociale, le risque sanitaire, le télétravail, les apports des neurosciences, …. Les formats sont divers : conférences sur des thématiques variées, Learning Expedition, mise à disposition d’une veille ou accès à des pairs dans d’autres entreprises (réseau Alliance…). Par exemple, la Camif organise chaque année le Tour du « made in France » en 7 étapes rassemblant salariés volontaires de la Camif, salariés du fournisseur « hôte » de l’étape et clients ; une cinquantaine de personnes se retrouvent ainsi pour une visite de l’entreprise le matin, des ateliers créatifs l’après-midi, ateliers animés par des facilitateurs volontaires de la Camif. Outre créer du lien, ce tour permet d’optimiser la relation client-fournisseurs par une meilleure connaissance des métiers respectifs et d’interagir avec les clients.