L'executive summary

La pandémie de COVID 19 a suscité un essor spectaculaire du télétravail, notamment en France où il s’est généralisé parmi les cols blancs. Ce développement rend nécessaire l’analyse des implications de ce phénomène sur les salariés et sur le fonctionnement des organisations.

Pour les promoteurs du télétravail, il aurait des avantages aussi bien pour le bien-être que pour la productivité. Cette hypothèse est-elle fondée ? Pour répondre à cette question, nous commençons par une exploration de la littérature académique. Il apparaît que les recherches réalisées n’offrent pas suffisamment de données pour couvrir l’ensemble des agencements réalisables entre performance et bien-être.

La difficulté à faire le tour du sujet, vient de ce que le télétravail recouvre un grand nombre de dimensions (lieux de travail, temps de vie, technologie, engagement individuel, fonctionnement collectif, etc.). Les interactions entre ces dimensions sont complexes. On se résout donc le plus souvent à ne considérer qu’un aspect du problème, une dimension. Nous reconnaissons néanmoins l’apport notable des recherches unidimensionnelles. Afin d’éviter de basculer à l’inverse dans une appréhension trop mosaïque du phénomène, il nous a semblé approprié de raisonner sur des situations-types de salariés, permettant de mettre en lumière la grande variété des situations de télétravail.

Pour identifier ces situations, nous avons procédé à une enquête par questionnaire en ligne qui a recueilli 1631 réponses. Il en ressort des résultats nuancés montrant une diversité des situations au regard des dimensions étudiées (bien-être et performance). L’analyse des résultats a permis de distinguer quatre groupes d’individus ayant des perceptions homogènes sur leur bien-être et leur productivité en télétravail : « les indifférents », « les adaptés productifs », « les efficients » et les « adaptés moins productifs ».

Les perceptions de bien-être et de productivité en situation de télétravail ne varient pas significativement en fonction des variables sociodémographiques classiques (sexe, fonction, secteur d’activité et région), à l’exception de l’âge. Les moins de 30 ans présentent une caractéristique paradoxale au regard de la productivité en télétravail : ils sont surreprésentés à la fois chez les efficients et chez les adaptés moins productifs. La classification opérée invite donc à des approches nuancées, adaptées aux différents profils et proches du terrain.

Pour terminer, nous proposons une grille d’analyse afin de tirer les conséquences pratiques des enseignements de l’étude.