Un contexte facilitant
Critères |
Questionnement |
1. Des enjeux positifs et forts qui font que la démarche d’innovation managériale est perçue comme une source potentielle d’avantages et de bénéfices par un grand nombre d’acteurs, parmi les plus influents |
Les intentions sont-elles clairement identifiées ? Par quels acteurs ?
Que cherche-t-on à faire à travers cette démarche ? Sur quoi communique -t-on ? |
2. Une culture de l’anticipation et d’analyse des stratégies d’acteurs |
Quelles sont les représentations à l’œuvre dans l’entreprise derrière le terme d’innovation managériale ? |
3. Une stratégie d’entreprise explicite, en phase avec l’approche de l’innovation managériale retenue
|
La démarche est-elle clairement au service de la stratégie ? |
4. Un contexte favorable (menaces / opportunités identifiées) |
Quels sont les éléments du contexte qui sont propices à la mise en place d’une innovation managériale ? |
5. Une culture de l’expérimentation |
L’entreprise a-t-elle mise en place les protections nécessaires pour les acteurs innovants ? |
L’appropriation des acteurs
Critères |
Questionnement |
1. Le « pilote » interne du projet a une bonne connaissance de la structure et des métiers du site faisant l’objet de l’innovation managériale |
Le pilote interne a-t-il l’autorité et la légitimité nécessaire ? |
2. L’équipe projet comporte un membre qui s’intéresse aux nouvelles modalités de coopération entre les personnes |
L’équipe possède-t-elle des compétences sur la conduite de l’action collective ? |
3. Des équipes de professionnels de la GRH bien installées dans l’entreprise (ou dans l’unité) et considérées comme légitimes |
Les équipes RH sont-elles bien insérées dans les unités opérationnelles et ont-elles un point de vue critique sur l’innovation managériale ? |
4. La conduite du projet d’innovation managériale n’est pas l’affaire d’un individu unique, mais partagée par un collectif d’acteurs. |
L’équipe projet comporte-t-elle des acteurs variés qui connaissent les différents métiers de l’entreprise ? |
5. Forte implication de l’encadrement de proximité, qui joue un rôle central dans les décisions relatives à la gestion des individus et des équipes, tant dans le diagnostic que dans la préparation des actions qui en découlent |
Les managers de proximité ont-ils été formés à l’analyse organisationnelle et sont-ils accompagnés par un support interne en matière de conduite des transformations ? |
Un processus de changement maîtrisé
Critères |
Questionnement |
1. Des objectifs réalistes et explicites |
A-t-on clairement formulé ce que l’on attend de la démarche d’Innovation Managériale ? |
2. Des bénéficiaires de la démarche (« clients » internes) clairement identifiés |
2. Des bénéficiaires de la démarche (« clients » internes) clairement identifiésLes métiers ou les entités concernées sont-ils désignés ? |
3. Des moyens de pilotage pour contrôler l’efficacité de la démarche, repérer à temps les éventuelles dérives et agir en conséquence |
A quoi verra-t-on que la démarche « prend » véritablement ?
Quels sont les moyens utilisés pour le mesurer à défaut d’un cahier des charges prédéfini ? |
4. L’organisation d’une communication spécifique au projet d’innovation managériale (entretiens, participation à des groupes de réflexion, etc.) |
Comment communique-t-on sur les réalisations en cours et le retour d’expérience ?
Comment l’entreprise développe une vision de l’innovation tout en s’appuyant sur l’organisation actuelle ? |
5. La communication souligne les enjeux positifs de la démarche, du point de vue des « destinataires » du changement (salariés dont les membres de la ligne hiérarchique) et non pas uniquement de l’équipe dirigeante |
Cette communication s’appuie-t-elle sur l’expression des équipes à la base ? |
6. Des outils adaptés au contexte de l’entreprise et aux usages recherchés |
Des outils ont-ils été conçus à cet effet ? De quelle nature ? |
7. La démarche ne se focalise pas spécialement sur les outils (informatiques ou autres) |
Quelle place ces outils occupent-ils dans la démarche d’Innovation managériale ? |
Pour conclure…
Nombreuses sont les opérations de « transformation managériale » en cours ou en cours d’expérimentation dans les entreprises. Dans cette forêt d’innovations managériales, les unes plutôt axées sur des contenus de pratiques nouvelles, les autres ouvrant les frontières de l’organisation, les enjeux de GRH se situent au cœur, sans être toujours mis en valeur, notamment du fait d’une fonction RH inégalement présente ou valorisée. Ce constat nous invite à ce qui est le levier des vraies démarches de changement, à savoir la plasticité des représentations. L’innovation managériale ne se réduit pas à une rhétorique de transformation, ni à une méthode ou un contenu technique : elle peut et doit se loger dans des configurations variées, du moment qu’elle permet une modification substantielle de et dans la conduite de l’action collective. La fonction RH peut jouer un rôle particulièrement utile dans cet accompagnement de l’évolution des représentations… A condition qu’elle-même pratique l’élargissement du regard que nous proposons, et que ses acteurs prennent le temps de sortir régulièrement de l’entreprise. Cette capacité de discernement de la part des acteurs RH, qui permet de ne pas tomber dans le piège des modes managériales et de garder un point de vue critique et constructif sur l’impact réel de telle ou telle innovation n’est-il pas finalement le vrai facteur de légitimité de cette fonction ?
Références
Autissier D., Johnson K. et Moutot J.-M. (2018), L’innovation managériale, Paris, Eyrolles.
Birkinshaw J., Hamel G., Mol M.J. (2008), “Management innovation”, Academy of Management Review, October 1, vol. 33 no. 4, pp. 825-845.
Boussard V. (2008), Sociologie de la gestion. Les faiseurs de performance, Belin, collection “Perspectives sociologiques”.
Calamel L., Defélix C., Pichault F. (2016), « Les pôles de compétitivité, des formes organisationnelles aptes à innover en gestion des ressources humaines ? », Management international, volume 20, numéro 4 – été 2016, pp. 146-157.
Dubouloz, S. (2014), « Innovation organisationnelle et pratiques de mobilisation des RH », Revue Française de Gestion, n°39, 59–85.
Dujarier A.-M. (2015), Le management désincarné. Enquête sur les nouveaux cadres du travail, Paris, La Découverte.
Dupuy F. (2015), La faillite de la pensée managériale, Paris, Le Seuil.
Duymedjan R., Rüling C.C. (2010), « Towards a Foundation of Bricolage in Organization and Management Theory”, Organization Studies, Volume: 31 issue: 2, pp.133-151
France Stratégie (2017), “Mutations sociales, mutations technologiques”, note de synthèse, novembre, http://www.strategie.gouv.fr/publications.
Gueuze F. (2015), « L’entreprise libérée, entre communication et imposture », mai, https://www.parlonsrh.com
Hamel G. (2007), The future of management, Harvard Business Press.
Orange (2016), Quel rôle pour la fonction RH en 2020-2025 ?, Livre blanc, février.
Pettigrew, A. (1987), « Context and Action in the Transformation of the Firm », Journal of Management Studies, vol.24, n°6, pp. 649-670.
Shipton, H., Sparrow, P., Budhwar, P., Brown, A. (2017),” HRM and innovation: looking across levels”, Human Resource Management Journal, 27, pp. 246–263.
Thévenet M., Dejoux C. et Marbot E. (2015), Fonctions RH. Politiques, métiers et outils des ressources humaines, Paris, Pearson France.
Ulrich D. (1996), Human Resource Champions. The Next Agenda for Adding Value and Delivering Results, Harvard Business Review Press.