Synthèse en français
27 Oct 2023
Management de l’innovation et de la gestion des talents : à la lumière du cas d’Israël, que retenir pour les entreprises françaises ?
La présente étude livre les principales observations d’une expédition apprenante organisée par CIME Innovation en novembre 2022 en Israël. Ces résultats ont permis d’analyser les conditions et dispositifs favorisant l’innovation technologique et la gestion des talents dans ce pays, mais aussi, malgré l’originalité de ce cas, de dessiner des pistes inspirantes pour les entreprises françaises.
Israël est un pays singulier : dans cet Etat récent (1948), où une population réduite (9 millions d’habitants) occupe un espace modeste (la taille d’un département français), on compte 1 start-up pour 1300 habitants, soit trois fois plus qu’en France. Des facteurs socio-culturels se conjuguent pour parvenir à ce résultat, comme la diversité d’origines et de cultures, un réseau d’incubateurs et de financeurs, le rôle structurant de l’armée, la politique d’investissement technologique tant du secteur privé que du secteur public, mais aussi des valeurs d’engagement, de créativité et de flexibilité, et une culture de survie dans un environnement menaçant. Autrement dit, si, dans ce pays comme ailleurs, l’innovation se nourrit d’un écosystème, elle provient aussi d’attitudes, de valeurs et de méthodes adaptées.
La gestion des talents apparaît également comme très spécifique en Israël : la détection des potentiels commence dès l’âge de 12 ans, et se poursuit au moment du service militaire obligatoire pour toute la population. Sont visés non seulement les potentiels pour de hautes études scientifiques ou technologiques, mais aussi ceux des personnes neuro-atypiques ou qui mettent du temps à s’éclore. L’ensemble de ces processus vise à fabriquer les « compétences du futur » qui s’appuient sur les principes de « Chutzpah » : pensée analytique et innovante, résolution de problèmes complexes, leadership et influence sociale, intelligence émotionnelle.
Aussi singulier que soit le cas de ce pays, des pistes et inspirations peuvent en être retirées pour les entreprises françaises. D’abord pour mieux manager l’innovation : utiliser le sens de l’urgence avec parcimonie (même Israël, habitué aux crises, connaît des séquences de répit) ; renouveler son « storytelling » en sachant faire rebondir son récit ; élargir les contextes et dispositifs à autre chose que les classiques tiers-lieux ou clusters. Des pistes apparaissent également du cas d’Israël pour mieux gérer les talents : susciter la diversité ailleurs que dans le recrutement (ex : suivi de projets, instances de direction) ; diversifier les formes d’apprentissage, internes et externes ; réhabiliter la fête dans les murs de l’entreprise.
En conclusion de cette étude, nous proposons une grille de lecture récapitulative. Elle permet aux lecteurs de repérer quelles conditions sont nécessaires à l’émergence de l’innovation, mais aussi quels principes de management peuvent être déployés pour susciter ces émergences, et donne des pistes pour gérer autrement les talents.